maladie courante au moyen age

Publié le par histoiredefranceactu.over-blog.fr

Le Mal des Ardents

Cette maladie désola différentes parties de la France au Moyen âge. La relation la plus ancienne est celle de Flodoard, relative à l'épidémie de Paris et de son territoire dans le cours de l'année 945: Deux autres qui eurent lieu en 994 et 1039 sont mentionnées brièvement par Raoul Glaber. Le mal des Ardents apparaît de nouveau en 1120 et envahit les régions du Nord et de l'Ouest, le pays Chartrain, Paris, le Soissonnais. Un siècle auparavant, le chroniqueur Adémar de Chabannes rapporte qu'il enleva 40 000 personnes en Aquitaine. En 1354, autre épidémie en Picardie et en Artois; on parle encore souvent du feu redoutable dans le cours du XVe siècle; cependant, les cas ne sont plus aussi nombreux; la maladie devient sporadique.

Les chroniqueurs sont unanimes sur sa gravité; tous affirment qu'elle est au-dessus des ressources de la médecine ordinaire; presque tous, hagiographes ou historiens de monastères, rapportent des guérisons miraculeuses, opérées grâce à l'intervention des saints. D'après Flodoard, ceux qui purent se rendre à l'église de la Sainte-Mère de Dieu furent sauvés. Dans l'épidémie de 1130, un miracle analogue, racontera-t-on, eut lieu près de la châsse de la patronne de la ville; Sainte-Geneviève des Ardents fut élevée pour en perpétuer le souvenir. Ailleurs, l'eau mélangée à la cire fondue qui coulait des cierges brûlant devant les autels fit disparaître, à ce qu'on crut, les accidents. La chapelle de la Sainte-Chandelle, à Arras, avait été élevée à la suite d'une épidémie. Un document législatif de 1317 recommande qu'après prime messe soit chantée pour les feus dieu

L'affection fut désignée par des dénominations nombreuses : on l'appelait feu divin, sacré, persique, de saint Marcel, de la bienheureuse vierge Marie, de saint Firmin, etc., de la géhenne, de l'enfer, etc. Il n'en existe aucune description précise; comme toujours, les chroniqueurs forcent la note et tracent des tableaux plus sombres que véridiques. Les phénomènes graves furent les gangrènes. Le biographe anonyme de sainte Dympne, vierge et martyre, est explicite à cet égard :

Le feu persique, dit-il, est une maladie pestilentielle qui consume la chair et la sépare des os, au-dessous de la peau, devenue livide. A mesure qu'on avance, la douleur et l'ardeur augmentent et finissent par tuer les malheureux; parfois la mort qu'ils souhaitent n'arrive pas avant que, tous leurs membres étant rongés et détruits, le feu ne gagne les organes indispensables à la vie.

Un chroniqueur de 1482 décrit assez bien une gangrène du pied. La mortification occupait surtout las membres et les extrémités, mais elle pouvait siéger ailleurs. Dans l'épidémie de 1129; il y eut des plaques sur le tronc, sur les mamelles, sur les joues; celles-ci étaient les plus redoutables; au XIVe siècle, on observe des gangrènes de la langue et du pharynx. Ce symptôme n'était probablement pas primitif ; il était précédé de fièvre, et souvent d'éruptions cutanées; les écrivains qui ont voulu remplacer par un terme médical l'expression populaire, disent qu'elle correspond à l'érysipèle ou à l'herpès de Grus.

On a beaucoup discuté sur la nature du mal des Ardents. S'agit-il d'une entité morbide, d'une maladie aujourd'hui disparue? A-t-on, au contraire, désigné par ce nom des affections différentes pouvant régner épidémiquement et présenter les symptômes qui ont tant frappé les contemporains. Cette opinion nous paraît la plus probable. 

Icelui Cote de fer [...], dit un document, accoucha malade d'une bosse y épidémie et aussi d'une autre maladie appelée le feu de saint Firmin, pourquoi il fut porté en l'église de Notre-Dame d'Amiens, si comme en tel cas est accoutumé.

On appelait bosse ou épidémie la véritable peste d'Orient; le chroniqueur a cru que le mal des Ardents s'y joignait probablement à cause de l'intensité de la fièvre et de l'exanthème. Les gangrènes cutanées multiples, celles de la bouche, celles des membres même, s'observent dans bon nombre de pyrexies épidémiques. On les a notées dans la fièvre typhoïde, dans le typhus exanthématique, dans la fièvre rémittente...

Estlander en a vu des cas assez nombreux à Helsingfors, en 1870, pour faire une étude spéciale de cette redoutable complication. On désigna par le nom de mal des Ardents ou des expressions similaires, des pyrexies accompagnées d'exanthèmes et suivies de gangrènes. Les fièvres éruptives, la peste bubonique et les typhus d'Europe, peuvent présenter ces caractères; il nous paraît probable que les termes traditionnels et disparates qu'on a rapprochés ont servi à désigner tantôt l'une, tantôt l'autre de ces maladies. (Dr A. Thomas).

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